Je veux désirer, je désire vouloir. La soirée a été longue, ou la nuit a été courte. Ce matin, je me suis réveillée tôt, 7h10. Hier, j'ai un peu bu, un peu fumé avec indifférence j'ai ri et dansé aussi. On dirait que je fais tout par dépit. Rien ne me fait véritablement envie, j'y vais, je fais pour me distraire. Ils sont tous hypocrites, et au fond, je suis la pire. Possible que ce soit de la lâcheté, dans ce cas, je ne me démarque pas des autres. Peu importe en fait. Je le fais parce que je veux me faciliter les choses, leur dire qu'ils sont gerbants avec leur bien-pensance, puis me rendre compte de leurs regards vides, de leur incompréhension. J'en parle, mais ça ne compte pas non plus vraiment, je me suis résignée. Obtenir ce que je veux, c'est tout ce qui m'importe. Mais que veux-je ?

J'ai remarqué aussi, que souvent avec les gens, les rares gens de valeurs, je m'excusais souvent et de tout. De mon imperfection, finalement. Je vous prierais de ne pas me parler de ce lieu bien trop commun qui dirait que demoiselle perfection n'existe pas. Je suis trop sentimentale, toujours trop. Pourtant, je sens qu'il me quitte peu à peu, il s'en va avec les illusions, la niaiserie aussi sans doute. J'attends le jour où je souffrirai. Parce que je n'en sortirai pas indemne, d'ailleurs j'aimerais ne pas en sortir, juste y entrer.

Je songe qu'il est impossible de ne pas faire un article empreint de sensiblerie quand on écoute Aznavour : "Je croyais que tout meurt avec le temps qui passe. Mais non, je n'ai rien oublié, rien oublié. Je ne sais trop que dire, ni par où commencer, les souvenirs foisonnent, envahissent ma tête." Que de sottises. Il me ramène à mes déchirements qui n'en sont plus. Mes petites souffrances qui n'en n'ont jamais été. Toutes ces conneries dont on s'embarrasse pour se remplir. Il est vrai que je suis vide maintenant, parce que le superflu s'en va peu à peu. Encore quelques jours, et je pourrai véritablement faire ce que je veux. Mardi soir, tout sera terminé. Je ne vivrai plus qu'à l'intérieur.

Je hais ce genre de journées apathiques. Heureusement que Desproges a fait des spectacles, et que les gens ont eu la présence d'esprit d'aimer ce qu'il faisait, sinon ces journées seraient toutes perdues. Je me souviens du temps des solitudes hivernales, les froids dimanches passés à regarder des films en buvant du thé. Personne ne comptait pour moi, ça n'était véritablement qu'une illusion. Aujourd'hui me revoilà à vouloir retrouver l'innocente neutralité, la pureté.

Ce qui me fait penser à une discussion que j'ai eu. Nous parlions de la réflexion, et d'atteindre un niveau de conscience supérieur, une intélligence supérieure. J'exposais l'idée suivante : pour atteindre cette forme de supériorité, il faudrait d'une manière où d'une autre se purger pour devenir une feuille vierge qu'on ne pourrait corrompre. L'expérience est nécessaire, mais elle inclut autrui et autrui engendre la médiocrité - ce qui m'étonne -. La paradoxe se situe dans le fait qu'en ne sachant rien nous ne pouvons nous élever, mais qu'en ayant vécu nous sommes suceptibles - et c'est le plus souvent le cas - de nous enfoncer dans ce que nous fuyons.

Ne trouvez-vous pas que mon raisonnement reste très basique ? J'ai presque - parce qu'en vérité je me fiche de votre avis - honte de ce genre d'article qui me laisse profondément insatisfaite. Sur ce, bonne journée.