Samedi 23 janvier 2010 à 21:29

(Noir)

Les feux s'allument enfin dans la petite salle, j'attends. Les acteurs apparaissent un à un. Ils sont quelconques, des hommes et des femmes comme les autres, sans rôle particulier que celui d'être ce qu'ils sont. Cette fois ci sera différente, je le sais déjà. La pièce commence, ils s'agitent, vont de quiproquos en scènes inutilement tragiques. Ils dramatisent alors qu'en fait, il suffirait que l'un deux monte sur une chaise pour tout expliciter. Exaspération.

(Noir)

Je me réveille dans un lit à l'odeur de parfum bon marché, les draps sont doux, fraichement lavés. La précision avec laquelle l'odeur s'impose me surprend. Je n'ai pas encore ouvert les yeux. Je ne sais pas pourquoi. Habituellement, le réveil est accompagné de cet automatisme. Je crois que je ne suis pas chez moi, ou qu'on a dormi avec moi. Je ne me souviens que de cet étrange pièce de théâtre. Il fait chaud. Les yeux toujours clos, je repousse le drap. Maintenant, c'est une odeur de démaquillant qui emplie mes narines.

(Noir)

Je balance les clés sur la table. Demain matin, je passerai encore dix minutes à les chercher au milieu de tout ce que j'entasse dans mon minuscule havre. Alain est là, endormi. Ces derniers temps il reste le soir et s'en va avant l'aube. Il me manque quand il dort. Bizarrement, même quand il s'en va ça ne me fait pas cette effet, le voir là, étendu, abandonné me rend jalouse et insignifiante. J'émerge. Je suis à le regarder depuis dix bonnes minutes, à penser des conneries.

(Noir)

Je hurle à ce qui semble être une none " Allez au Diable, vous et votre âne, je ne partirai pas aujourd'hui !". Je crois reconnaître Musset. Je m'en vais apparemment fâchée.

(Noir)

" J'en sais rien. Que veux tu que je te dise. Ouais, je t'aime ". La porte a claqué. Je m'assois, et commence à travailler, en songeant à la surprise que j'avais concocté pour le soir. Un porte-jartelle noir, brodé, trouvé par hasard et payé une fortune. Mais ces petites choses lui font plaisir, et cette manière délicate qu'il a de me les retirer m'excite. Je bourre ma pipe, j'ai l'oeil lubrique. Cependant, je sais qu'avant de passer à la jouissance, il faudra comprendre.

(Noir)

Jeudi 14 janvier 2010 à 20:24

Egoïsme : individualisme, fait de tout rapporter à soi.

Ce sera le thème, puisque l'objet de mon angoisse ce soir.

Eugénie pleure,
Gigantesque douleur,
O impitoyable horreur !
Insupportable situation.
Serait-ce le Démon ?
Merde non,
Elle se regardait, simplement.

Il s'agit de 65e degré, et d'auto-dérision.

Ne nous construisons nous que sur nos propres choix ? J'entends par là, que nous choisissons sans doute plus ou moins consciemment de quelle manière nous allons nous comporter. Suffit il alors, que je déclare avec certitude et détermination, que je ne serais plus cette égoïste qui jadis leur faisait face ? Jadis, parce que si je le déclarais il y a quelque secondes, déjà, je ne le suis plus. Le temps est paradoxal, nous le sommes. Etais-je alors vraiment égoïste ou était-ce seulement l'expression d'une douleur plus profonde ? Fadaise, quelle douleur. L'Amour, ça ne fait jamais vraiment mal, mais ces effets lorsque cet amour est contrarié, rendent maladroit. Ils me rendent maladroite. Manque d'expérience et puérilité survivante. Même dans sa propre construction. Confondre égoïsme et individualité par exemple, c'est mauvais, très mauvais. Ah ! Ah ! Dans le désert intellectuel qui me fait face, j'ai une tendance à la putréfaction ces derniers temps. Lire me manque, créer me manque. Alors lis, et crée, et arrête tes idioties. Prend un bain, et dors aussi. Tu verras, tout de suite, les Oasis se font moins rares.

Bonne soirée, à bientôt.

Mardi 12 janvier 2010 à 16:19

Bordel et camaïeux de gris. Je me demande ce qu'ils évoquent chez vous, ces mots. Ils décrivent assez justement l'atmosphère dans laquelle je me baigne depuis quelques heures. Je ne m'empêche pas les douceurs, écrire encore une fois ces petits mots élancés, lui faire savoir à nouveau. Ce serait euphémiquement dommage, qu'il en ait marre un jour. 

Les nuages pleurent souvent ces derniers temps, et comme le Monde jette un regard glacial sur les maux des nuages, souvent, je me retrouve seule au milieu du bordel. Oh, la friction du Monde avec les nuages ne me dérange pas, elle m'apaise au contraire.

Nous vivons les dernières aubes nuitées, vous savez, celles qui n'en sont plus vraiment. Entre le bleu caerulea, et le bleu nuit, teintées de rose parfois, et ce froid poignant qui vous donne envie de vivre les plus grandes passions, seulement l'instant d'après..! Néanmoins. Ce doit être la candeur infernale de mes jeunes années, mais j'oublie simplement qu'il y a quelque chose ensuite. Ces aubes ont la grâce de l'éternité. Viendront bientôt : les départs en robe légère, le Monde qui s'achève devant nos yeux éblouis. Incapables de voir le possiblement beau, enfermés dans cet instant de latence.

Fichtre, j'ai encore oublié.

Ps : Je parle de l'éternité, parce que je peux en dire ce que je veux : personne ne la connait.

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