Mardi 27 octobre 2009 à 14:13

Je me demandais souvent depuis quelques semaines, si je pourrais encore ressentir des instants de plénitude, d'oubli. Et puis, il y a eu hier soir : des gestes, des accords de corps enflammés, l'aboutissement du commencement. J'aime les mots, ils font encore mieux semblant que les gens. On peut les torturer pour leur donner de la profondeur, et avoir l'air de grands fous malades de l'existence insipide. Les mots sont les plus beaux mensonges, parce qu'ils ne font pas exprès. 

Je m'arrête, je songe que je personnifie les mots, je me dis que c'est à gerber et que mon propos perd de sa cohérence. Je me reprends. Nous exprimons nos pensées avec des mots, mais jamais ce ne sont les justes. Ils passent dans le moulinet de notre subjectivité, et deviennent un reflet de nous même. Le contenu d'une pensée, le connait-on jamais à travers des mots ? Nous mentons sans le vouloir, et chaque jour un peu plus, nous perdons en exigence. L'apparence finira-t-elle par tuer l'essence ?


Par imparfaiite le Dimanche 1er novembre 2009 à 13:28
Les paradoxes de notre confrontation au mot nous blesse toujours, un peu, beaucoup selon les jours. A cause de cette moulinette de subjectivité, de notre propre emprise sur nous même. Au cause des autres aussi, par ce que les mots, rabattues et rabachés, perdre de leur sens et s'usent.
Par iougenaie le Mardi 3 novembre 2009 à 17:38
Oui, tu as raison, ils peuvent s'user, surtout quand il s'agit d'amour. Plus généralement de sentiment. Mais, le simple fait, banal de répéter chaque jour " je t'aime " à l'être aimé, l'apparente presque à un " Bonjour ". Or, ça n'est jamais ce que nous voulons, lorsque nous avons ce sentiment.
Par Diary-Adventures le Vendredi 6 novembre 2009 à 23:30
A croire que notre inconscient est un foutu salopard qui cache ce que l'on ressent vraiment derrière des mots autres que ceux que l'on voudrait vraiment employer. Cela dit, comme je pense encore et toujours que l'homme n'a pas pour envie ou vocation d'être honnête aussi bien avec lui même qu'avec les autres, je ne pense pas que cela constitue vraiment en soi un problème. De toute façon, c'est la volonté propre de l'homme de vouloir se cacher, alors même si il réussissait à être sincère avec les mots, il trouverait toujours quelque chose d'autres pour ne pas qu'on le comprenne dans sa globalité.
Par EthyliquementVotre le Jeudi 19 novembre 2009 à 16:11
Ton 1° paragraphe est superbement écrit..
Le 2° me fait sentir la mélancolie, l'apparence qui controle tout, l'envie de plaire, et se substituer aux autres..
Par EthyliquementVotre le Jeudi 19 novembre 2009 à 22:39
Je suis encore scotchée par le 1° paragraphe ^^

Merci d'être passée par chez moi =)
Bonne soirée !
Par Hékate le Samedi 21 novembre 2009 à 20:42
Le problème des mots ,est que le sens que je leur donne ne sonnera pas tout à fait avec le même ton reçu par l'autre ,qui a sa propre résonnance des mots. D'où l'ambivalence des mots ,qu'ils soient écrit ou prononcés. Il y a une économie de certains mots qui ajoute une valeur .En amour ,très certainement.La répétition édulcore quand ce n'est point vécu dans un moment de dépassement.
"...l'amour est trop exclusif ,trop jaculatoire ;il parle trop à la seconde personne pour qu'avec lui le mémorandum soit possible .Il n'y a pas d'histoire en dehors de la femmme aimée,et le mémorandum est une histoire ...l'amitié au contraire ,est la vraie confidente du mémorandum ,elle est calme et vous laisse calme ...tandis que l'amour ne sait que se regarder dans les yeux qu'on aime." (Barbey d'Aurevilly )

Bonsoir chère Eugénie.
votre Hécate
Par Humanimalités le Samedi 21 novembre 2009 à 21:12
Le 1er pargraphe est d'une poètique véritable(ment):)superbe...
Par iougenaie le Samedi 21 novembre 2009 à 21:26
Oh, je vous remercie. Je ne sais plus tellement être flattée, et je ne trouve pas que j'ai à l'être. J'ai écris ce paragraphe en quelques minutes, alors que celui que j'aime se douchait. Sans doute étais je encore dans les volutes que laisse derrière elle la passion, qu'en sais je ? :)

Eugénie.
Par iougenaie le Dimanche 22 novembre 2009 à 0:57
Oh, Hécate ! Pardonnez moi, j'avais commencé à vous répondre et puis j'ai été accaparée ailleurs, et j'ai oublié.
Cette vision de l'amour que vous me proposez, je ne suis pas sûre de la comprendre. Pouvez vous me l'expliquer ?

Votre Eugénie.
Par Hékate le Samedi 28 novembre 2009 à 22:42
Chère Eugénie ,je ne me suis sans doute pas exprimée clairement.Je voulais dire que trop de mots qui expriment l'aveu amoureux paraîssent parfois douteux à l'autre .A trop "banaliser" un mot ,on en évente la saveur.C'est là ,ce qui fait le sujet de nombreux dilemmes. Si je prends ce mythe de Don Juan,par exemple,avant tout,Don Juan séduit constamment pour retrouver la saveur unique du premier aveu ,de la première émotion amoureuse. C'est une course effrénée à la toute première fois ,ô combien enivrante !
Barbey d'Aurevilly était d'une nature ardente ,passionnée. Il n'oublia jamais la jeune fille de son premier émoi,et devenu un homme âgé ,il retourna sur les lieux qui avaient été les témoins de ce moment unique et bouleversant.Il n'avait pu que l'écrire dans un poème où il se découvrait souffrant ,aimant!

"Mon front avait tout à coup des rougeurs
Qui me montaient au coeur comme un feu sort de terre!
Un n'était pas assez pour elle. ma poitrine
Semblait sous ces deux coeurs devoir un jour s'ouvrir
Et les jeter tous deux sous sa

fière bottine,
Pour qu'elle pût fouler mieux aux pieds son martyre!
Ô de la puberté la terrible démence !
Qui ne les connût pas ces amours de treize ans ? "(Barbey d'Aurevilly )
Bonne soirée à vous.
votre Hécate
Par iougenaie le Dimanche 29 novembre 2009 à 14:08
" La toute première fois Ô combien enivrante " me pousse à une inclinaison profonde vers Don Juan, et peut être est ce aussi que mon amour va vers un jeune homme qui a quelques unes des caractéristiques de celui ci. Le premier sentiment amoureux c'est le plus sincère, le seul qui n'ait aucune arrière pensée, le plus spontané, du moins pour la plupart des gens.

Je dirais donc que c'est pour ça que les mots d'amour s'éventent. Les gens les corrompent, leur enlèvent leurs saveurs et leur sens. Il suffit donc, même si ce n'est pas chose aisée de ne pas se laisser aller à la banalisation.
Mais après dix ans me direz vous... Et bien, je ne sais.

Merci pour ces vers nostalgiques,
Bonne journée Hécate.
Eugénie.
Par Hékate le Mardi 8 décembre 2009 à 21:04
"Une émotion qui nous saisit ,avec la force subite et souterraine d'un ébranlement , annonce , entre les êtres ,de mystérieuses correspondances ".Marcel Brion
Bonsoir Eugénie
PS : Connaissez -vous cet écrivain français? Sinon ,chez moi ,vous auriez brièvement de quoi vous réchauffer au feu de son écriture par ce temps pluvieux ,du moins ici .
votre Hécate
 

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