Lundi 20 juillet 2009 à 12:58

 
Il m'arrive de rêver, à une plateforme au dessus de l'agitation. Un angle de vue différent, ce qui est drôle c'est que vous aurez remarqué que si on enlève "angle de vue" on peut lire "Un différent", oui, indifférent. N'être touchée par rien, au fond, ça n'a pas quelque chose que j'ai véritablement voulu, c'est simplement arrivé. On se retrouve au milieu de 80 000 personnes qui hurlent et sautent sur une mélodie simplette à laquelle on a ajouté un débit de conneries et on se rend compte du fait énoncé précédemment. On finit aussi par être d'accord avec l'amoureux qui vous disait quelques jours avant que l'important était le contenu et pas la manière. Notre société est faite de dorures qu'on appellent valeurs,  morales, et quête d'une normalité dont personne vraiment ne connait l'allure. A l'intérieur de celle ci, c'est vide et mort, corrompu sans doute. 

***

"
Qu'il était beau, son visage. Qu'il était supra-terrestre, quand elle le disait ! Une tristesse omnisciente flottait, claire et froide, au fond de ses yeux, qui semblait avoir souffert toutes les souffrances imaginables et leur avoir dit oui. Les lèvres parlaient péniblement, entravées, comme on parle quand on a le visage raidi par un grand froid ; mais, entre les lèvres, aux commissures, sur la pointe fuyante de la langue qui ne se montrait que rarement, se jouait, par contraste avec la voix et le regard, une sensualité douce et exquise, un fervent désir de volupté. Un petit frisson tombait sur le front calme et lisse, et, de ce coin de peau affluait, de temps en temps, comme un souffle vivant, cette onde de ressemblance virile, de magie hermaphrodite. Je l'écoutais, apeuré et pourtant comme assoupi, à demi absent."

Le Loup des steppes - Hermann Hesse, p. 100.

 

Mardi 16 juin 2009 à 22:24

Tu es mignonne avec tes fleurs, des hortensias. Je me demande pourquoi tu as eu tellement envie de la voir sourire de cette façon, être gênée des silences entre vous,  et puis inventer, toujours un peu plus pour qu'ils n'existent pas justement, pour qu'elle soit bien juste quelques minutes au son de ta voix cassée. Pourtant elle n'a rien d'exceptionnel, elle ne t'as pas comprise et n'a pas cette supériorité qui t'attire habituellement. Finalement ça n'est qu'affaire de sentiments, c'est méprisable et pourtant tu l'as fait pour elle. Elle t'a sortie de ton dégoût en quelques sortes. Tu te demandes si c'est très conciliable. Mais peu importe, ça lui a fait tellement plaisir. Tu mentirais à l'infini pour que les gens seuls aient ce sourire, cette manière de te regarder. Pourtant, elle ne te manque pas, tu ne ressens rien à l'idée de son absence. Mais, tu voulais lui faire plaisir, qu'elle soit bien. Inexplicable.

Edit : Mais comprendrait-elle ? Cette affection profonde mais existante seulement en sa présence. Affection éternellement éphémère. Finalement n'est ce pas comme tout ? Existant seulement parce que pensé. J'ai créé tout cela pour m'occuper le coeur, et ai prétexté que c'était mon encéphale adoré (mais pas vraiment usé) qui m'avait soufflé l'idée. Non, il ne s'agit pas d'un mensonge à moi-même et à elle, il s'agit de concilier dégoût et amour, désespoir choisi et consolation désirée. Il s'agit peut-être de ne pas se contredire à la croisée même de ses contradictions.

Mercredi 22 avril 2009 à 19:27

Je n'ai jamais aimé les choses trop faciles, sans doute parce que j'ai toujours tout eu sans effort. Je me souviens quand avoir une bonne note comptait, et un grand sourire se plante sur mon visage pâle. Ce que j'ai pu être conne, puérile, insensée. Rien n'a d'importance, et c'était toute ma vie. J'éclate de rire, la larme à l'oeil. Quelle vie cher lecteur ! Quelle vie ! Plus vous en savez, plus vous prenez conscience que vous ne savez rien. Je n'arrivais à rien quand ça comptait, maintenant que la priorité est ailleurs, je suis brillante. Quelle bêtise. Mon salut serait il dans l'abandon ? L'exemple est simplet je vous l'accorde, mais vraiment parlant sur ma faculté à combler avec tout et n'importe quoi.

Le Loup des steppes - Hermann Hesse - p.59-60

"Je regardais cette homme aimable avec sa bonne figure de savant, je trouvais la scène, au fond, un peu ridicule, mais je jouissais comme un chien affamé de cette bribe de chaleur, de cette gorgé d'affection, de cette bouchée d'estime. Le Loup des steppes, Harry, ricanait, attendri ; la bave inondait sa gueule sèche ; la sentimentalité le faisait ployer malgré lui. Moi, je continuais à m'embrouiller avec zèle dans tout mes mensonges (...). Et lorsqu'il m'invita sincèrement à passer la soirée cette soirée chez lui, j'acceptai avec reconnaissance, je le priai de transmettre mes hommages à sa femme, et toutes ces paroles et tous ces sourires me faisaient mal aux gencives, déshabituées de ce genre d'efforts. Tandis que moi, Harry Haller, me trouvais là, dans la rue, amadoué et flatté, poli et courtois, souriant à la bonne figure myope de cet homme aimable, l'autre Harry se tenait à son ombre et ricanait lui aussi. Il se dressait sarcastique et se disait que j'étais un drôle de type, hypocrite et loufoque, qui, il y avait à peine deux minutes, montrait furieusement les dents à toute cette terre maudite et qui, maintenant au premier mot inoffensif d'un bon bourgeois respectable, volait au devant de lui, attendri, zélé, touché, et se vautrait comme un porc dans la joie d'avoir trouvé un petit bout d'estime, de gentillesse et de bienveillance."

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Ah, si le ridicule tuait...

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