Dimanche 14 juin 2009 à 12:05

Voilà, tout est terminé. J'ai recommencé à me suffire à moi-même. Ceux à qui je m'étais attachée auparavant bénéficient de mes gentillesses, les autres me laissent indifférente. J'ai remarqué que je ressentais bien moins qu'avant. Les choses, le temps glissent sur moi sans que je me rende bien compte qu'elles vieillissent, qu'il passe. Je me trouve dans un état léthargique. L'humiliation en vérité je ne l'ai pas oubliée, mais ce qu'elle nous fait ressentir habituellement ne m'a pas habitée très longtemps. Mes tiraillements n'en sont plus vraiment puisqu'ils s'expliquent de plus en plus. Je sens que je serai gâchée. Comment vous dire ? Je n'utiliserai, ne sacrifierai rien pour quelque chose de plus grand. Elle ne me le demande pas la vie, ça, ça fait longtemps qu'elle me l'a fait comprendre. Les autres avant elle d'ailleurs. Pourtant, je sais qu'il y a des horizons que je n'envisage même pas, là, à portée de pensée. Je me souviens de mon article sur l'indifférence. Bien c'est ce que je suis devenue, ou redevenue. Oui, plutôt redevenue. Mais, je ne suis pas méchante, soyez heureux il n'y a pas une connasse de plus !
(...)

Dimanche 10 mai 2009 à 14:14

"Ce qu'il y a avec les gens qui savent c'est que lorsqu'ils vous disent une vérité, il n'y a pas d'arrogance seulement l'aplomb de l'expérience. Vous, vous écoutez, vous essayez d'échapper à cette parole qui si elle vous atteignait vous briserait et vous répondez un vague "je ne sais pas". C'est étonnant comme ces cinglantes réflexions vous coupent de tous vos moyens. Vous êtes là, le regard vide, telle une sotte. Vous avez presque envie de pleurer : les larmes des idiots qui fuient la plombante vérité. "
Eugénie. 03/05/09
(Entretien entre Boris et Lola, Les chemins de la liberté, tome 1 de Sartre.)

J'ai envie de vous dire que je pense souvent que si dans un salle remplie de gens, tout le monde est persuadé qu'il y a au centre de la dite salle une énorme masse noir mouvante alors celle ci existera. 
 

Mercredi 22 avril 2009 à 19:27

Je n'ai jamais aimé les choses trop faciles, sans doute parce que j'ai toujours tout eu sans effort. Je me souviens quand avoir une bonne note comptait, et un grand sourire se plante sur mon visage pâle. Ce que j'ai pu être conne, puérile, insensée. Rien n'a d'importance, et c'était toute ma vie. J'éclate de rire, la larme à l'oeil. Quelle vie cher lecteur ! Quelle vie ! Plus vous en savez, plus vous prenez conscience que vous ne savez rien. Je n'arrivais à rien quand ça comptait, maintenant que la priorité est ailleurs, je suis brillante. Quelle bêtise. Mon salut serait il dans l'abandon ? L'exemple est simplet je vous l'accorde, mais vraiment parlant sur ma faculté à combler avec tout et n'importe quoi.

Le Loup des steppes - Hermann Hesse - p.59-60

"Je regardais cette homme aimable avec sa bonne figure de savant, je trouvais la scène, au fond, un peu ridicule, mais je jouissais comme un chien affamé de cette bribe de chaleur, de cette gorgé d'affection, de cette bouchée d'estime. Le Loup des steppes, Harry, ricanait, attendri ; la bave inondait sa gueule sèche ; la sentimentalité le faisait ployer malgré lui. Moi, je continuais à m'embrouiller avec zèle dans tout mes mensonges (...). Et lorsqu'il m'invita sincèrement à passer la soirée cette soirée chez lui, j'acceptai avec reconnaissance, je le priai de transmettre mes hommages à sa femme, et toutes ces paroles et tous ces sourires me faisaient mal aux gencives, déshabituées de ce genre d'efforts. Tandis que moi, Harry Haller, me trouvais là, dans la rue, amadoué et flatté, poli et courtois, souriant à la bonne figure myope de cet homme aimable, l'autre Harry se tenait à son ombre et ricanait lui aussi. Il se dressait sarcastique et se disait que j'étais un drôle de type, hypocrite et loufoque, qui, il y avait à peine deux minutes, montrait furieusement les dents à toute cette terre maudite et qui, maintenant au premier mot inoffensif d'un bon bourgeois respectable, volait au devant de lui, attendri, zélé, touché, et se vautrait comme un porc dans la joie d'avoir trouvé un petit bout d'estime, de gentillesse et de bienveillance."

***

Ah, si le ridicule tuait...

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